Je viens de récupérer un document que je crois assez rare... Un compte-rendu complet d'une aventure de 1970.
Il s'agit du récit d'un raid que l'on peut (re)lire dans ce livre :
Une expédition à travers l'Afrique avec une Mercedes 280 SE et une Digue Coronette entre janvier et mars 1970.
Mais le récit au jour le jour que j'ai sous la main, a été rédigé par Pierre CHARVEL lui-même et n'a pas été édulcoré comme dans l'édition du livre susdit. C'est en fait une doc fournie pour les concessionnaires Mercedes comme "rapport de voyage".
A noter, outre Mercedes et Digue, une autre marque était engagée dans ce défi : Vasseur (les stabilisateurs) avec Gérard VASSEUR lui-même en tant que co-pilote.
Bref, un vrai petit feuilleton avec plein de détails que je suis sûr que vous, retro-caravaniers et amateurs d'anciennes voitures, reprendrez ne serait-ce que pour l'entretien de vos belles (cara et voiture).
Je vais donc vous en faire part, petit-à -petit, avec un remontage "maison"...une exclusivité DDD si on peu dire !
N.B. : l'ordre des articles a été volontairement changé pour faire "feuilleton", sachant que la doc d'origine est un rapport "voyage fini"...
EPISODE 1 : les préparatifs...
(Comme quoi on ne part pas sans avoir un peu réfléchi...)
Demain, épisode n°2, "Le départ"...
Merci, vite la suite.
Caravelair Armagnac 420 R, 1969.
Superbe document que tu as trouvé là !
Vivement la suite !
Avant le départ de cette belle aventure, je me permets de poster la couverture de la revue Caravaning de mai 1970 où on voit exactement l'itinéraire emprunté pour cette expédition entre Alger et Le Cap.
Notez que sur ce dessin la Coronette a un bandeau bleu alors qu'il était en réalité gris comme pour les Digue A.M 1970.
Toujours extraits de cette revue Caravaning de mai 1970, quelques informations intéressantes supplémentaires (notamment sur le choix de la tractrice et de la caravane) sur les préparatifs de cette formidable expédition (par Pierre Charvel).
Une année de préparation.
« Au désert, le raid commençait. Vraiment.
Il a fallu un an pour mettre debout une telle opération, pour avoir l’honneur d’entrer « en Sahara ». Une année complète pour que la Mercedes 280 et la Digue Coronette soient construites et mises au point.
Tout était parti d’une rencontre le 19 décembre 1968, au restaurant de l’Orée du Bois, entre Pierre Barthelmé, de Royal-Elysées, et moi-même. A la fin du repas, un bref dialogue :
- « Ce serait amusant de traverser l’Afrique avec une caravane. On pourrait ainsi, ne crois-tu pas…»
La seconde phrase fut coupée par… une réponse à la première :
- « D’accord fiston. Il y a une déjà une Mercedes à ta disposition. »
Elle fut commandée, en Allemagne, le jour même. Type choisi : la « 280 » SE, moteur injection. Strictement de série, elle ne recevrait que des modifications ou des adjonctions prévues au catalogue.
Pourquoi une « 280 » ? En raison de son poids élevé, d’abord, et de la puissance de son moteur. Les quelques 200 chevaux, agissant sur un pont court, devaient se révéler précieux lors des nombreux endroits délicats où il fallut passer « en force ». Mieux : le pont était autobloquant, les deux roues agissant ensemble dès que l’une d’elle perdrait plus de 20% d’adhérence.
Fallait-il ou une climatisation intérieure ? La pose d’un système à la fois lourd et encombrant, peut-être fragile, fut abandonnée. Au profit d’autres améliorations, telle, notamment, cette turbine additionnelle de refroidissement qui nous permit, à plusieurs reprises, de ne jamais monter à plus de 90° en température alors que le circuit aurait dû largement dépasser 100 ou 110°.
Sous la voiture : des plaques de blindage pour le carter moteur, la boîte, le pont et le réservoir d’essence.
Côté moteur : une culasse à faible taux de compression, pour faire digérer facilement les carburants à très faible indice d’octane. Ce qui n’empêcherait pas de fonctionner au « super » lorsque l’on en rencontrerait.
Shell, très rapidement, me fit d’ailleurs parvenir une liste complète des variations d’indices d’octane dans chacun des pays traversés. Autre attention délicate de cette firme (et combien précieuse) : chaque pays envoya un télex mentionnant, dans le détail, les postes d’essence placés sur mon itinéraire. Et pas seulement ceux de la marque Shell !
Pour la caravane, le choix à faire était moins urgent, les délais de fabrication n’ayant guère de mesure commune avec ceux d’une voiture. Début octobre, la firme Digue fut contactée et accepta d’enthousiasme.
Ici, encore une question : pourquoi Digue ?
En fait, pour effectuer un tel raid, il est opportun de choisir – à mon avis – une caravane largement diffusée, fabriquée en série. La caravane de « Monsieur le Caravanier ». Au Salon d’octobre 1969, le modèle fut retenu par Gérard Vasseur et moi-même, sur le stand Digue. Ce serait une « Coronette », une 4,40 mètres avec cuisine centrale (pour mieux répartir les charges), lit abattable à l’arrière. Une modification, déjà : le lit abattable serait transformé en deux lits simples, également abattables, afin que chaque membre de l’équipe ait son couchage séparé. Il est de fait que, dès la première nuit passée dans la caravane, chacun choisit son lit… et le conserva jusqu’à l’arrivée !...
Autre modification : le renforcement du timon et du châssis. Entre la Mercedes et la Digue, un Easy-Drive. Tout le monde était d’accord sur cette adjonction ; les services qu’il rendit furent tels que je puis dire que, sans lui, le raid eut été sinon impossible, du moins très difficile à réaliser. Son action permit, notamment, de ne pas écraser l’arrière de la voiture et d’éviter toute mise en travers de la caravane lors de certains passages à vive allure sur des zones sableuses ou boueuses.
L’équipage.
Depuis octobre 1968, Gérard Vasseur et moi-même étions résolus à faire équipe. Je lui avais exposé mon projet ; il m’avait donné d’emblée son accord. L’Itinéraire avait été discuté entre nous plus de deux mois avant ma rencontre avec Pierre Barthelmé. Il fut décidé, par la suite, qu’un agent technique Mercedes nous accompagnerait, Claude Fromont, qui, outre ses connaissances mécaniques, apportait l’inestimable appoint d’une bonne douzaine d’années passées en Afrique Centrale.
Restait le photographe : ce fut Alain Dejean.
Une chose est certaine : réunir quatre personnes - qui ne se connaissent guère – et le enfermer, de jour, dans une voiture et, de nuit, dans une caravane, durant deux mois peut poser des problèmes. Il n’y en eut pratiquement aucun. A part deux brèves bouderies, dues à l’énervement et à la chaleur. Même dans les pires moments, où il fallut lutter contre la mauvaise fortune que nous réservait la nature ou la piste, le moral fut excellent. Un sourire de Dejean une bourrade de Fromont ou une touche d’humour de Vasseur remettaient tout en place très vite.
Le matériel et l’équipement.
Une telle expérience se résume bien simplement : une liste de deux mètres de longueur, avec des « postes ». On ne veut rien omettre, rien oublier. Un exemple ? La pince à écharde nous servit une fois. Un autre exemple ? Le mètre de couturière nous permit de mesurer, à un moment, une section de profilé.
En tête, venait le « gros » matériel, l’équipement de route : cric, Tirfort, pelles, pioches, jerricans, fusées (pour le désert), boussoles, scies, extincteurs. Puis les pièces détachées pour la voiture et la caravane, l’huile moteur, les roues de secours. L’outillage avait été préparé par Claude Fromont ; il ne manquait strictement rien, sauf un étau à fixation pneumatique que Gérard Vasseur put faire venir en cours de route et qui nous rendit de bien précieux services. Car il fallait pouvoir tout réparer, sans le secours de personne. Créer une bride avec des tiges filetées, en sachant pertinemment qu’en brousse on ne trouve que rarement un morceau de fer à sa convenance et jamais un boulon de la bonne dimension.
Ensuite, la caisse de secours. Avec ses médicaments obligés (pour le paludisme et la dysenterie) et ce qu’il faut pour parer au plus pressé : garrot, eau oxygénée, pansements, etc. Le tout dans un grand carton qui termina sa carrière totalement inondé, heureusement quelques jours avant la fin du raid, par le bris d’une bouteille d’alcool iodé. Outre la Nivaquine, pour prévenir le paludisme (prise quotidiennement), les médications les plus employées furent celles destinées à lutter contre la dysenterie…
Et puis, il y avait des vivres de réserve… De l’eau en boîte, de la bière, des conserves, des aliments déshydratés (purée, potages, persil), du lait en poudre, du chocolat solubilisé, des biscuits des tous ordres, des jus de fruits…
Comment fut faite la sélection ? Très simplement ; en fonction des impératifs du voyage, d’abord, puis des goûts de chacun. En raison de la solidité des conditionnements, aussi, et de leur qualité ; car nos réserves durent être soumises à des différences de température et d’hygrométrie souvent fort brutales.
On pouvait aussi rencontrer, dans notre chargement, au hasard des coffres ou des cartons, du matériel de cuisine, du papier de toilette, des bouteilles de gaz.
Et chacun emportait, outre ses vêtements et effets personnels, le matériel de sa spécilaité : Claude Fromont l’outillage, Gérard Vasseur une caméra et… un Easy-Drive de rechange, Alain Dejean cinq appareils photos avec leur panoplie d’objectifs, et moi des dossiers, deux magnétophones et beaucoup de papier pour prendre des notes.
Environ 700 kg, au total, répartis dans la caravane, dans le coffre de la voiture, sur la galerie de son toit, entres les sièges, dans nos poches, partout… »
c'est une fabuleuse trouvaille que tu as fait là Erwan ! doc tapée a la machine, on dirait le road book original qui leur a servit là bas ! as tu quelques photos de ce raid pour illustrer ce "roman photo" ?
Oui, c'est le road-book.
Pour les photos, je vais essayer d'en chercher sur le Net...
La suite ce soir donc !
Pour les photos, je vais essayer d'en chercher sur le Net...
La suite ce soir donc !
Cherche pas trop loin... et sur DDD le site :
DEPART ET ETAPE 1 (Alger - Laghouat) :
Sylvie & Erwan Caravette a écrit :Pour les photos, je vais essayer d'en chercher sur le Net...
La suite ce soir donc !Cherche pas trop loin... et sur DDD le site :
J'ai découvert avec plaisir toutes les photos que tu avais mises sur le site François. C'est superbe !
J'avoue que je n'avais jusqu'ici pas pris le temps de me pencher sur les extraits de ce livre et la discussion lancée par Erwan me donne (et nous donne à tous) la possibilité de nous (re)plonger dans cette belle aventure.
De mon côté, j'ai dans mes revues des photos qui sont sur le site ainsi que d'autres également. Je vous propose d'agrémenter ce formidable récit posté chaque jour par Erwan avec les photos prises par le photographe de l'expédition, Alain Dejean.
ETAPE 2 (Laghouat - El Goba) :
Super ce récit. En plus avec une page par jour ça nous fait un feuilleton sympa pour la sieste !
ETAPE 3 (El Goba - Adrar) :
"Timimoun (entre El Goba et Adrar) : une oasis, un simple jalon sur la route du désert. Le dépaysement, déjà , est total. Ici, la Mercedes et la caravane Digue sont sagement en place devant l'unique pompe à essence. On fait pleine mesure et pas une goutte ne doit tomber à terre."
ETAPE 4 (Adrar - Poste Cordier) :
ETAPE 5 (Poste Cordier - BORDJ MOKTAR) :
ETAPE 6 (Bordj Moktar - Tessalit) :