..Un beau matin en 1972,
..ma mère s'est retrouvée
..sur un terrain pour vendre des caravanes
 
   
  Ma mère, aimant son travail, était une bonne vendeuse. Après 3 années elle quitta cette profession
et le caravaning pour le transport où elle encadra une équipe d'hommes (ciel !) jusqu'à sa retraite.
   
 
  Des caravaniers en "Trigano" et "Renault 16"
   
Enfant, j'ai tant de souvenirs. En effet ma mère nous emmenait avec mon plus jeune frère sur la concession "Trigano" un samedi sur deux et pour ces samedi là, Il ne fallait pas nous prier !

Nous nous rendions également sur les foires (les WE) et sur les "quinzaines commerciales" de la région.

A peine arrivé sur place, je tournais les talons à la découverte de chaque stand et puis le stand "Digue" :-)

J'ai un grand souvenir sur une quinzaine com. en 1973 où l'on notait une grande différence sur le stand "Digue" comparé aux autres.

"Digue" avait plus d'importance et d'élégance, "le grand jeu". Le stand "Star" aussi fût assez éblouissant.

"Digue" disposait d'un plus grand espace et avec plus de caravanes. Ils avaient décoré les lieux avec des plantes un peu partout et entre, des allées "moquetées" de vert. Les "Digue" de 1973 blanches et grises ressortaient si bien.

Les caravanes en "enfilade", de la plus petite à la plus grande, toutes étincelantes, portes et fenêtres ouvertes, voilages blancs façon "plein jour". Tout cela faisait rêver... une ambiance... de vacances et d'évasion. Ma mère ne disposait pas d'un tel espace avec seulement 2 ou 3 caravanes "Trigano" exposées en bordure. Mais ma mère à elle seule remplaçait tous les stands, tant sa grâce et sa joie resplendissaient.
   
  Ma mère...
   
 
   
 
   
  Très jeune, elle commença des cours de théatre...
Elle n'a pas pu poursuivre... Qui peut savoir... ma mère aurait pu être une actrice.
   
  Ma mère adorait la 4 mètres 40 et la vendre. Après avoir "décrocher" une vente pour une 3 mètres "Tahiti" c'était le nom de la petite 3 mètres en 1972, elle revenait vers nous au bureau qui tamponions des catalogues de caravanes. Gosses, nous aimions ça ! plus que les collages à l'école. Les caravanes "Trigano" c'était pour de vrai.
   
  De retour vers nous, notre mère nous disait : "bof... j'ai vendu une toute ch'tite Tahiti".
   
  Ma mère concevait la caravane qu'à partir d'une 3m90 (en caisse, sans la flèche) afin de pouvoir se tourner un peu mieux. Vendre une 4m40 (elle disait aussi : 4.40 quatre quarante) c'était pour elle "le must".
   
   
D
.J
E
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B
.A
   
   
K
O
.R
B
.A
   
   
  Ma mère était si contente, pas seulement pour sa commission qui était du reste assez faible, mais par la satisfaction de faire plaisir au client - la vie était belle - et pour tous ses clients ! tous ces nouveaux caravaniers ! Leur bonheur était aussi le sien. Ma mère était à fond dans le métier.
   
  J'ai assisté en observateur maintes fois aux ventes. Ma mère avait vite appris ne connaissant rien aux caravanes jusque là et elle était forte pour "accrocher" les futurs caravaniers ; autant pour présenter l'intérieur plus particulièrement à la femme : facilité de descendre la table pour faire le lit, les nombreux placards et coffres de rangemements, la cuisinette équipée, l'eau avec pompe à pied. Une maison pour grandes poupées.
   
 
   
 

"Vous serez à l'abri et confortablement installés pour vos nuits de vacances" puis ma mère laissait la cliente découvrir seule quelques détails intérieurs de la caravane et pendant ce temps, hop ! ma mère était descendue de la caravane pour venir répondre aux différentes questions à l'homme, soucieux parfois, n'ayant jamais "tracter"...

Ma mère savait rassurer : "la caravane vous suivra ! vous prendrez vos virages plus larges etc... prudence sur la route"... Toutes ces explications, exactement comme celles que présentaient Jacqueline Verdrot (voir l'historique "Digue").

C'était un achat heureux, du bonheur que de venir acheter une caravane. Evasion totale !!!

Si un client arrivait au volant d'une Citrôen DS, ma mère le recevait en lui tendant les bras (non non je blague) :

"venez... venez à nos caravanes ! vous avez déjà la voiture idéale pour la tracter".



Si si ! réèl ! la nouvelle était répandue dans tout le milieu du caravaning et depuis longtemps. La DS toujours !
élue comme la meilleure des tractrices (beaucoup de belles occasions sur le marché).

Une autre annecdote : un jour "les gens du voyage" (dans les gens du voyage, il y a plusieurs origines.
Des populations, des moeurs et des cultures différentes) sont venus sur le terrain et ma mère leur a proposé la plus grande, une 6M50. Mais les gens du voyage lui ont dit qu'elle n'était pas assez grande ! Qu'ils voulaient
une 8 mètres !

Cette concession ou agent "Trigano" n'allait pas au delà de 6M50. Pas en commande non plus.
Acheter de telles caravanes et les stocker sur le parc (+ de 6M50) aurait été difficile à vendre. Elles leur
seraient rester longtemps sur les bras.

   
 
   

Un matin très tôt, ma mère est appelée par téléphone à la maison. Il fallait qu'elle regagne au plus vite la concession qui vendait aussi des pneus.

Arrivant sur les lieux, ma mère découvrait une catastrophe qui s'était produite durant la nuit.

Une automobiliste s'était endormie au volant, sortie de la route, elle était venue percuter et à bonne allure une première caravane et celle-ci s'était encastrée dans la suivante et la suivante dans la suivante etc... (les caravanes étaient toutes rangées côte à côte). Un carnage ! J'y suis allé plus tard. Un choc ! je ne sais plus le nombre mais au moins 6 ou 7 caravanes fichues ! je me souviens de vitres brisées. Les voilages blancs flottaient au vent et dans les carcasses. Tout est parti à la casse et il a fallu en urgence reconstituer le parc bordant la Route Nationale 7. L'automobiliste s'en est sorti.

Nous avons joué mon frère et moi dans les caravanes "Trigano" pendant des heures et des heures (on ne jouait pas à n'importe quels jeux. On jouait aux caravaniers) et il fallait tout d'abord les ouvrir en grand ! fenêtres et lanterneaux. Les odeurs de neuf étaient insupportables ! cela nous piquait, brulait les yeux et le nez. Je me souviens de cette odeur très forte. Enfant, cela prend plus d'effet. Je n'ai jamais retrouvé cette odeur précise de années 72/73/74. Pourtant je m'en souviens encore et si j'y pense fort, ça y est ! j'ai les yeux qui piquent

Au bout d'un moment on s'habituait et ça sentait bon le neuf... elles étaient NEUVES arrivantes de l'usine. Qu'est ce que j'aimerai retrouver cette odeur de caravane "Trigano" neuves de 1972. De nos jours, elles ne sentent pas tout à fait pareil. Les colles, les composants sont différents.

Lorsque l'on montait dans une 3M90 (au moins) on entendait le petit store vénitien de la cuisine qui bougeait (clac clac clac) car les béquilles des caravanes n'étaient pas descendues sur le terrain d'exposition.

Une fois ma mère et mon frère me cherchaient partout sur le terrain commençant à s'inquiéter et au bout d'un moment ils m'ont retrouvé endormi dans une caravane pliante en toile orange et marron.



Une "Tahiti" de 1972 ici et une pliante en toile ici.

J'aimais bien aussi lorsque les colis d'accessoires arrivaient. Il y avait un bel et grand hall d'exposition. On pouvait venir acheter une tente "Trigano" et tout le "barda" de camping.

Enfin, il y avait un collègue qui posait les attelages sur les voitures. Ma mère vendait souvent avec la caravane, des stabilisateurs et d'autres multiples accessoires. Auvent etc... Cela faisait une belle note à l'époque !

Beaucoup de gens n'avaient pas "les moyens" d'acheter une caravane neuve mais très vite, il y eu un marché d'occasion où l'on trouvait des caravanes qui n'avaient servi qu'une fois ou deux ou qui étaient très bien entretenues et dont le prix était bien moins élevé que celui du neuf.

Pareil pour les voitures. Là, où nous habitions, il y avait des familles qui avaient des attelages rutilants et dont la plupart achetés d'occasion : R16 TS de 74 vert métal et Adria 360 1973. Une R16 TL 71 bleu clair et Digue 390 GS 72. Une Audi 100 et une Georges et Jacques 72 (toit orange). Une Caravette 1964 tractée par une Simca 1307. Une Simca Chryslère 180 tractant une Gruau 4m30 de 72. Une Caravelair 4M40 de 72 tractée par une grosse OPEL. Un break GS crème tractant une Georges et Jacques 3m60 de 74.

On continue ? Une Mariner's 66 tractée par une 404 Peugeot avec les cercles de feux avant non chromés mais peints comme la 404. Une R12 TL phase 1 jaune citron tractant une Caravelair Picardie de 69.

Du balcon, je les regardais arriver et partir... Quel beau spectacle (j'adorais aussi en fin d'été, "jeux sans frontières" à la télé et puis l'eurovision de la chanson. En 1975 les Pays Bas : Teach-in remportant le prix avec "Ding dinge Dong" d'où le choix du nom de ce site internet voir ici).

Nous étions à l'époque... "aux grandes heures" de la caravane !!!

Oop's... du blacon je regardais les caravaniers, dételer leur caravane. Ils la garait et mettaient l'auto à côté. Nous étions dans les années 70. Il n'y avait pas tant d'autos que de nos jours où il faut parfois chercher une place pendant longtemps.

Il y avait une piste de lavage derrière un des bâtiments où il fallait apporter son tuyau d'arrosage. Alors, je descendais pour aller voir le lavage de la "DIGUE 390 GS" + R16 TL et je passais devant cette scène sans oser m'arrêter... m'approcher et admirer longuement leur belle caravane toute "shampouinée" pleine de mousse et qui après un bon rinçage en ressortait magnifique !!!

Le Monsieur essuyait la caravane à la peau de chamois. Comme elle brillait... Elle était comme neuve. Ensuite c'était au tour de la R16. Pareil, nickel chrome. Ces voisins avaient commencé par une Renault 6 et une Digue 316 LP et puis ils ont remplacé la R6 par une R16 toujours avec la 316 LP et l'année suivante ils ont acheté la 390 GS.

L'attelage si français ! confortable et parfait pour 4. Je me souviens d'autres voisins, même chose avec leur pimpant attelage : caravane Adria 360 et R16 TS 74 vert métal. Tout était nickel, les chromes de la R16 avec les grands rétros eux aussi chromés.

Je vivais cette adoration pour les caravanes seul. Je n'en parlais pas, à personne. Mes copains et copines s'en fichaient des caravanes. Ils étaient plutôt : "chiotes" (mobylettes) brelles - les meules.

   
   
   
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